Film Espagnol

Date de sa sortie en salles: 02 février 2005

Genre: drame

Durée: 2h05

Scénario: Alejandro Amenabar, Mateo Gil

Musique: Alejandro Amenabar, Carlo Nunez

Image: Javier Aguirresarobe

Avec: Javier Bardem,Belen Rueda, Lola Duenas, Mabel Rivera

L'histoire:

A la suite d'un accident dont il a été victime dans sa jeunesse, Ramón ne peut plus bouger que la tête. "Enfermé dans son corps", il vit depuis presque trente ans prostré dans un lit. Sa seule ouverture sur le monde est la fenêtre de sa chambre à travers laquelle il "voyage" jusqu'à la mer toute proche ; cette mer qui lui a tant donné et tout repris.
Pourtant très entouré par sa famille, Ramón n'a plus qu'un seul désir : pouvoir décider de sa propre mort et terminer sa vie dans la dignité...

 

Mon avis:

Je commencerais par décrire deux scènes de ce film que je trouve très belles. J'y ai vu la même poésie que dans Les amants du cercle polaire à travers ses images.

*** Ramon est couché sur son lit depuis 28 ans, paraplégique. Seul sa tête peut bouger, tout le reste est paralysé. Et puis il se met à regarder le paysage au travers de sa fenêtre. Sa main gauche se met à bouger, ses doigts de se décripser, lui de poser ses pieds sur le sol en faisant un petit peu de claquettes, histoire que le sang aille bien jusqu'au bout ou tout simplement de ressentir le sol de sa chambre. Il se lève, écarte son lit de la fenêtre, va dans le couloir et se retournant, se met à courir en direction de la fenêtre, et, tel un oiseau, vole au dessus des paysages de la Galice en direction de son avocate qui marche sur la plage.

*** L'avocate a enregistré dans la journée sur magnétophone Ramon qui raconte sa vie avant de devenir paraplégique à la suite d'une chute dans l'eau. Il fut un bel homme qui a l'age de 20 ans faisait le tour du monde, puisque travaillant sur des bateaux. L'avocate regarde en même temps qu'elle écoute, des photos du Ramon d'antan.  Celui qui pose devant Sainte Sophie à Istanbul, celui qui est en compagnie de jeunes femmes, dont une qui revient souvent, celui qui travail d'arrache pied sur les bateaux, etc... A l'image, pendant que l'on voit ces plans avec juste le son de Ramon enregistré, on le voit, lui sur son lit, dans la pénombre de sa chambre, en larmes et nous regardant, nous, spectateurs.

 

Je dois dire que le montage des ces deux plans est très fort, émotionellement parlant. Mais le film est de ce même calibre, jusqu'à la scène finale où l'on voit Ramon se suicider, seul, face à une caméra qui l'enregistre dire un discours mettant les personnes qui l'ont aidés à l'abri de toute poursuite judiciaire.

 

Le sujet du film est justement l'eutanasie. Vaste sujet où tout le monde a une opinion. Ce qui est le cas ici ou Ramon veut en finir avec la vie alors qu'il est en pleine santé, sauf qu'il est un légume et dépendant vis à vis du reste de sa famille avec qui il vit. A savoir son frère ainé et sa belle soeur et leur fils, ainsi que son père. 28 ans qu'il est cloitré dans un lit et même s'il reçoit de la visite d'amis ou de personnes du village, il en a marre de sa vie. Contre une partie de sa famille ainsi que des personnes représentant la loi, il décide de vouloir mettre un terme à sa vie.

Javier Bardem est saisissant de naturel pour jouer ce personnage qui a réellement existé et qui le  12 janvier 1998 s'est donné la mort grâce à l'aide de onze amis. Aucun de ses complices ne fut accusé, car Sampedro brouilla habilement les pistes, chacun ayant une mission secrète ne l'impliquant pas de façon certaine dans la mort de leur ami : l'un avait les clefs de son domicile, l'autre acheta le cyanure, le suivant plaça le verre sur la table de nuit, le quatrième plongea la paille et ainsi de suite jusqu'au dernier qui filma Ramon, sourire aux lèvres, quelques secondes avant sa mort.

Javier Bardem égalise à mes yeux l'exploit de Daniel Day Lewis qui a joué le personnage de Chrisy Brown dans le My left foot de Jim Shéridan. Il est sur le lit, les mains recroquvillées et ce n'est que par la tête qu'il s'exprime. Le regard et la voix. En plus il a la bouche déformée ce qui rend la discution difficile.

L'actrice Belen Rueda joue le rôle de Julia, l'avocate qui emmène le cas de Ramon devant le tribunal. Si Ramon l'a prise comme avocate c'est qu'elle aussi a une maladie dégénérescente qui la rendra légume tôt ou tard. Même trop tôt puisqu'elle  se retrouve à l'hopital et qu'elle est obligée de laisser l'affaire à un collègue. Et puis recevant une lettre de Ramon, décédé, elle n'a déjà plus souvenir de lui.

Ce film est poignant et quand Ramon s'en va de chez son frère, que l'on sait que c'est pour mourir et que plus personne ne le reverra, on est aussi bouleversé que sa belle soeur ou son neveu.

Pour qui ne sait pas, la cornemuse fait parti du folklore de la Galice. Dans ce film, on entend de la cornemuse, ce qui pourrait surprendre au premier abord. Mais quand on le sait, on se rends compte que cela rajoute plutôt une couche de tristesse à l'histoire.

Récompenses:

Mar adentro a reçu deux récompenses lors de la 61e Mostra de Venise : le Lion d'Argent - Grand Prix du Jury ainsi que la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour Javier Bardem. Il a également reçu deux récompenses aux Prix du cinéma européen 2004 : Meilleur réalisateur et meilleur acteur. Nommé quinze fois aux Goya, le long-métrage a en outre été choisi par l'Académie Cinématographique Espagnole pour représenter l'Espagne dans la catégorie Meilleur film étranger des Oscars 2005. Le 16 janvier 2005, le film remporte le Golden Globe du Meilleur film étranger.

Ma note:

3 étoiles