Dimanche 20 aout

Encore devant cet ordinateur? Mais j'ai l'impression de n'être venu ici qu'il n'y a que 5mn pour relater la journée d'hier! Ça passe décidement trop vite ces vacances!!!

Ce dimanche me sera une journée mémorable car j'ai fait ce que toute personne venant à Madeire se doit de faire au moins un jour au minimum une levada. En préparant dans mon petit chez moi de France ce séjour ici, j'avais en tête de déjà, en faire une, mais je ne savais pas trop laquelle. Et c'est pas les bouquins que j'ai commandés via le net des lavadas (que j'ai jamais reçus d'ailleurs) qui m'ont aidés. Je me disais qu'en arrivant sur le sol de Madeire, j'en trouverais bien un de bouquin qui me donnerais un semblant de réponse. Comment? Vous me demandez ce qu'est une levada? Ok, je vais vous répondre.

L'une des richesses naturelles de Madeire c'est son potentiel d'eau douce. En gros, c'est l'eau de pluie qui s'infiltre dans le sol jusqu'à rencontrer une couche imperméable et elle sort sur les cotés des montagnes. En 1419, les premiers colons Portugais ont vu cette manne naturelle et se sont mis à faire des canaux (levadas) pour amener cette eau vers leurs champs. Pour aller plus vite, à l'heure actuelle, dans cette ile des plus riquiquis perdue en plein Atlantique, plus de 2000 kilomètres de levadas serpentent à travers l'ile. Oui oui, 2000 kilomètres!!! Ces levadas ont la particularitée d'avoir à chaque fois une chemin parallèle à l'écoulement de l'eau qui sert à l'entretien de celle-ci. Ces chemins qui accompagnent les levadas sont une aubaine des plus fantastiques pour toute personne avec: de bonnes chaussures, un sac à dos, une lampe torche, une bouteille d'eau et pour certains, une canne; en gros pour tous les randonneurs de la planète!!! Ces sentiers qui suivent ces levadas sont l'occasion inouie d'atteindre des endroits innaccessibles QUE à pied, puisque l'eau est cherchée dans des lieux très reculés dans la montagne, des endroits à couper le souffle tellement c'est beau et magnifique, et aussi de ne pas du tout se fatiguer puisque le dénivelé du sentier est quasiment nul. Et oui, il ne faut pas que l'eau coule trop vite. Alors ont suit les courbes de la montagne, tranquillement dans des paysages vierges de toute implication de l'homme (à part la construction des canaux). Il faut savoir que Madeire a une forêt qui existait en Europe jusqu'à ce que la dernière glaciation n'arrive et ravage tout. Cette forêt est appelée Laurissilva. C'est des arbres plus ou moins gros selon l'altitude, tordus dans les branches et le tronc, avec de la mousse qui pend. Ils sont enchevêtrés les uns dans les autres; bref, on voyage dans le temps en même temps qu'avec son pied gauche et accessoirement son pied droit.

Les canaux de ces levadas sont plus ou moins importants selon le débit de l'eau qu'ils canalisent. Ça va de 30cm de large pour 20 de profondeur à 80cm de largeur pour 50 de profondeur. Les concepteurs de ces levadas les ont faits passer sur de petits ponts, traversés les montagnes en la creusant, et tout ça à des endroits, ont se demande comment cela fut possible: en pleine nature, vous avez des murs qui supportent levadas et chemins, des tunels creusés sans instruments autres que masses et burins! En tout cas ces levadas remportent un énorme succès. Je n'en ai pas parlé depuis une semaine que je suis à Madeire, mais combien de levadas je vois déboucher le long des routes, courir comme de l'eau d'un gros orage de chez nous. Des fois, le trop plein fait que cette eau sort de son lit et traverse la route pour se faire recapter de l'autre coté de la route. D'autres fois, l'eau disparait sous la route à se demander où elle peut aller. Bref, c'est une véritable institution sur cette ile. Aussi, combien de fois j'ai vus des randonneurs déboucher sur la route, randonneurs qui suivaient une levada (depuis combien de temps)? Et moi dans ma voiture à me dire qu'il faut vraiment que je m'en fasse une rapidement, même si j'avais déjà la date en vue (ce dimanche ci justement). Le ruisselement de cette eau est dans tous les endroits, j'en ai même vu dans Funchal, la capitale! C'est un truc à faire quand on vient ici, ça c'est sur!

Il est dit que pour faire toutes les levadas de Madeire, il faudrait 3 mois consécutifs. Je n'ai qu'une seule journée et c'est donc les levada do Risco et levada das 25 Fontes que j'ai choisis. Elles sont toutes deux à coté l'une de l'autre et surtout, elles me permettent de faire une sorte de boucle car franchement ça me gonfle d'aller d'un point A vers un point B et de refaire le chemin en sens inverse pour atteindre le point A de départ. Ici, en coupant à travers la montagne à un moment donné, il m'est possible de ne pas revenir sur mes pas. En plus c'est des lavadas humaines, j'veux dire par là qu'en tout elles ne font que 4km de long (8km au bas mot avec le retour). La levada do Risco (levada du risque pour les non-portugais)n'est pas très spectaculaire puisque sa naissance n'est qu'une chutte d'eau d'une vingtaine de mètres de hauteur. Par contre, celle des 25 fontaines reste assez impressionnante. On abouti dans une sorte de cuvette qui récupère l'eau qui tombe de la falaise au dessus de nos têtes, eau qui arrive de toutes part en plus ou moins grande quantitée. Cette eau tombe dans un petit lac juste au pied de la falaise et l'écoulement fait qu'elle dévale doucement une pente entre des rochers et galets (les restes de la falaise, tombés avec le temps). Entre temps les hommes sont apparus et venus sur l'ile et au pied de ce dévalé, ils ont construit le début du canal qui est donc la levada que l'on a suivit auparavant pendant 3kms.

Personnes sujettes au vertige, c'est pas trop pour vous puisque le sentier est franchement à pic de falaise, ça va du sentier de 3mètres de large en terre battue et rochers, à l'autre sentier inexistant qui oblige à marcher sur la paroi de la levada qui ne fait que 15cm de large au bord de la falaise. C'est tout ce que j'adore, prendre des risques! Que ce soit l'autre randonnée de lundi vers le Pico Ruivo ou cette levada de ce dimanche, j'ai fait le con, je ne le cache pas. Avant chaque levada ou randonnée pédestre, il y a un panneau qui explique le parcours, son histoire, les kilomètres à parcourirs, l'équipement nécessaire et surtout pas mal de recommandations que je n'ai pas absolument pas suivis. Il est dit qu'au départ, il faut prévenir une personne de son itinéraire du jour ou du moins son hotel, et de ne pas partir seul. Ça se comprend si on fait une chute ou que l'on se foule la cheville. Et moi, j'ai tout fait seul, mais bon, à chaque fois j'arrive à bon port sain et sauf. Je ne m'encombre pas de détails!

J'ai éte long ce soir et je vais arrêter car demain je recommence un autre parcours vers le Pico Ruivo, encore un. De toute façon j'aurais l'occasion d'en reparler de tout ça...J'ai tant à dire encore.